dimanche 28 décembre 2014

Les préjugés sur les parents PMA

Les préjugés sont le cancer des relations sociales ; ce sont des prismes qui déforment une réalité pour la faire correspondre coûte que coûte à quelque chose d’attendu, quelque chose qui est bien souvent négatif.

La PMA n’y échappe pas. Par exemple, de quelque manière dont se comporte un couple de patients en plein parcours PMA, les proches informés d’un parcours PMA trouveront toujours  « qu’ils y pensent trop et que c’est pour cela que ça ne marche pas ». Quand bien même ce couple  n’évoquerait jamais « leur pseudo obsession » en public.

Une fois l’enfant né d’un parcours PMA, les préjugés perdurent, sous une autre forme. Je vais ici vous parler de ce que j’appelle « le syndrome des parents PMA ».

Résumons : les parents ayant eu recours à la PMA pour avoir des enfants sont forcément gaga, pour ne pas dire complètement niais. Ils sont forcément laxistes en matière d’éducation et se laissent forcément mener par le bout du nez par leur progéniture. Ils couvrent forcément  leurs enfants de cadeau, et sont forcément trop à leur écoute. Ils s’inquiètent forcément toujours trop pour eux, pour tout et surtout pour rien.

La raison ? Ces gens là ont (trop) rêvé de leurs enfants. Pour eux, ils sont de petits miracles, de petits chéris en sucre. Et puis, comble de l’horreur, ils les ont eu parfois à un âge avancé. Parfois même, ils ont écrit un livre sur leur parcours du combattant pour devenir parents. Partant de ce postulat, tous les faits et gestes de la petite famille sont observés à la loupe pour prouver le bien fondé de la théorie, ce qui permet ensuite de les juger à loisir.

Les parents PMA sont-ils laxistes en matière d’éducation ? Où que l’on aille (enfin, presque) on loue la bonne éducation de nos enfants. En fait, nous n’avons pas grand chose à apprendre de Super Nanny : ma mère, ancienne directrice d’école maternelle, m’a appris depuis l’enfance le bon équilibre entre tendresse et fermeté, dialogue et sanction. A la maison, on ne laisse rien passer sans pour autant être des cerbères. La PMA ne change rien a l’affaire, ce n’est qu’une question de psychologie et de bon sens.

Seulement, voilà : les enfants ne sont pas une science exacte. Il arrive parfois qu’une de nos têtes blondes fasse un caprice en public. Gare à nous si c’est en face de personnes qui connaissent notre parcours PMA , et qui ont des préjugés sur la question... Car le simple fait que l’enfant ose seulement un caprice sera interprété comme la preuve irréfutable de notre faiblesse, parce que nous sommes parents PMA.

Les parents PMA sont ils plus gagas de leurs enfants que les autres ? Jouer avec vos enfants, les embrasser, vous occuper d’eux, quoi de plus naturel ? Aujourd'hui, les papas s’investissent plus que dans le passé ; je joue beaucoup plus avec mes enfants que mon père ne l’a fait avec moi dans les années 70, et mes amis font de même, sans être pourtant des pères PMA. Un homme d'une plus ancienne génération qui me voit jouer avec mes enfants me trouvera forcement gaga (voir niais), en comparaison avec ce qu’il a vécu en son temps.

Seulement,voilà : si on trouve cette situation charmante pour tout papa « normal », on trouvera toujours que cette attention pour ses enfants est presque pathologique pour un papa PMA. Genre « il est gaga de ses enfants, parce qu’il a du mal à les avoir, et qu’il les a eu tard».

Les parents PMA sont ils plus inquiets pour la santé de leurs enfants ? Quels parents normalement constitués ne s’inquiètent pas régulièrement pour la santé de ses enfants ? Quels jeunes parents ne paniquent pas le jour où leur bébé monte en température, ou que leur enfant se plaint pour la première fois de certaines douleurs ? Est-ce uniquement l’apanage des parents PMA ? Quoique : les articles se succèdent sur les risques suppléments de malformation des enfants issus de PMA, et j’avoue être attentif sur ces points.

Seulement, voilà : si vous vous inquiétez pour pour la santé de vos enfants et que votre parcours PMA est connu, on mettra cette inquiétude sur la sur-protection (pathologique, toujours) que vous confère votre passé PMA.


En conclusion, je milite pour la transparence en matière de PMA. Je préconise souvent aux couples engageant un parcours PMA d’en informer leurs proches, pour leur permettre de comprendre les difficultés auxquels le couple est soumis. Mais de plus en plus, je me dis que ce n’est peut être pas une si bonne idée, et qu’il faut faire une sélection dans ceux que l’on informe. Pas simple.

Les jeunes parents sont toujours jugés, un jour ou l’autre, par des amis, des membres de leur propre famille, ou par des inconnus. Mais le fait qu’un parcours PMA soit connu accentue (à mon sens) la recherche de tous les signes (même infimes) pouvant porter au jugement, sur la base de préjugés que je viens brièvement d’évoquer. En conclusion, parler de son parcours PMA, oui, mais pas avec n’importe qui.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne suis pas tout a fait d accord..Se taire devant certaines personnes c est ne pas assumer sa différence. Peu importe les préjugés, chacun eduque ses enfants comme il peut et selon ses convictio ns et PMA ou pas il y aura toujours des detracteurs.
Que devrais je dire , je suis une maman solo beneficiaire de la Pma et suis devenue maman a 43 ans.. Chaque jour qui passe fait que je me sents de moins en moins atteinte par les préjugés , les mauvais regard ; a chaque nouvel eveil, a chaque regard, a chaque sourire...de mon bébé qui a 8 mois j oublis un peu plus ces gens qui croient detenir la vérité et la recette de la vie car a choisir entre les regards negatifs et l emerveillement quotidien, mon regard a moi se tourne vers l optimisme de la vie que je me dois de transmettre a ce petit etre que j ai choisi de faire naitre.

Anonyme a dit…

J'ai, pour ma part, l'effet inverse. On me fiche une paix royale, et je lis dans les yeux de mon entourage "Elle le chouchoute trop, mais elle n'en a qu'un, la pauvre".
Il faut dire que j'assume totalement ma gagatitude, on doit sentir à 20 km que celui qui me fera une réflexion sera reçu. Idem pour le papa.